Projet WYSI*not*WYG
Les caractéristiques élémentaires définissant, un objet, un arbre, une voiture, subissent une série de transformations complexes impliquant les sens avant d'être
clairement identifiées de manière consciente par notre cerveau. Au final, ce processus nous a détournés de notre vraie capacité d'observation des éléments de notre quotidien, de sorte
qu’aujourd'hui nous ne prenons plus la peine de vraiment les regarder.
Lorsque j'ai réalisé cela, j’étais dans un bois entrain de contempler un arbre qui me semblait très familier avant et qui m'était si différent ce jour
là.
Cet arbre se livrait à moi tel qu'il est, de par ses caractéristiques physiques et géométriques, détaché de tout référent, comme si je le découvrais pour la première
fois de ma vie.
Développement
Le développement de cette faculté d'observation a commencé à partir de mon enfance. Je m'amusais à modeler la perception que je me faisais du monde, au fur et à
mesure que je le découvrais. Une cascade d'eau ou les feux d'une voiture en mouvement pouvaient m'apparaître de deux façons différentes, selon la manière d'observation utilisée : tantôt figés en
suivant des yeux leur course effrénée à travers l'espace, et tantôt flous et continus en fixant des yeux un point sur leur trajectoire.
D'autres moments clés, pendant mon enfance ont été déterminants dans le développement de ma perception, pour en conséquent, la changer pour toujours, entre autre via
différents exercices de perception et de construction en 3D.
Le développement par ces divers exercices impliquant la vision, s'est prolongé jusqu'à mon cursus scolaire artistique, pendant lequel j'ai appris à regarder les
objets non pas en tant que contenu mais en tant que contenants. J’ai pu affiner cette vision à travers mes voyages en portant toujours un regard critique envers les éléments qui
m’entouraient.
Développée progressivement, cette vision a remodelé mon quotidien en créant en moi, par le biais d’émotions, des sensations que je cherche, infailliblement, à
retranscrire et à partager à travers mes activités artistiques.
Langage visuel
J'ai commencé mes recherches en utilisant un appareil photographique et une camera vidéo afin d’exploiter les images réelles pour ensuite les modifier en leur
attribuant des effets visuels.
L’élaboration d’un langage visuel, basé sur la modification d’images réelles, définissait mon objectif de rompre avec leurs aspects d’origine pour ainsi brouiller la
perception. Je pensais que ce processus déclencherait une impression, une émotion qui va remettre en cause toute référence au quotidien, pour partager avec le spectateur un autre point de
vue.
Après plusieurs réalisations, ces recherches ne répondaient pas à l’objectif souhaité. Je me suis retrouvé dans une démarche purement plastique qui donnait aux
œuvres un statut assez décoratif plutôt qu’informatif.
Il m’aurait fallu passer par cette impasse pour envisager une approche radicalement opposée. Toutefois, si la première piste s’inspirait du travail des
impressionnistes au début du XXe siècle, la nouvelle piste vers laquelle je me suis dirigé, en ce début de XXIe siècle, puise ses bases dans le travail de grands physiciens comme Einstein, Niels
Bohr ou Heinz Dieter Zeh.
It from bit
Considérer la réalité objective, le temps, l'espace et la matière comme des notions d’information intangibles, est l’approche à travers laquelle j'ai orienté les
recherches de ma deuxième piste.
Le travail d’Einstein concernant « la relativité restreinte », les recherches de Niels Bohr et de Werner Heisenberg au sujet de « l'edification de la
mécanique quantique », ainsi que le phénomène de la « décohérence quantique » introduit par Heinz Dieter Zeh, les recherches relatives aux simulations informatiques de Nick
Bostrom ont remarquablement influencé ma manière de voir et de concevoir le monde.
L’idée est que pour pouvoir partager avec le spectateur un autre point de vue, il faudrait créer une cassure au niveau de l’information de la réalité tangible. En
d’autres termes, arriver à ébranler la notion même de l’information reçue par l’observateur, et transmise par l’objet observé.
Selon cette nouvelle approche, si l'acte de photographier s'apparente à prélever un échantillon sous la forme d'une image, l’effet de cassure va se produire sur
cette image porteuse de l’information qui va être véhiculée sur un support afin d’être transmise à un récepteur. Une cassure significative et perturbante mais bien pensée pour que le récepteur ne
puisse pas décoder entièrement l’information, sans pour autant le priver de toute possibilité de reconstruction de l’image, via sa propre expérience de la vie.
Déconstruction
Après avoir entamé les recherches de la deuxième piste qui s’intéressait à certaines théories des sciences physiques au sujet de « la relativité de
l’information », et se révélant ainsi, assez expressive par rapport à mes objectifs artistiques, j’ai réalisé que le concept clef de mes œuvres sera « la déconstruction des repères
spatio-temporels ».
Ce concept suit une démarche qui a beau être informatisée mais elle est tellement simpliste que je pourrais la réaliser manuellement. L’idée est de fragmenter le
paysage urbain pour ensuite le remodeler, sans pour autant apporter des transformations d’ordre colorimétrique, afin d’éviter l’aspect décoratif et de toujours établir le lien avec le
paysage originel.
La déconstruction ou fragmentation d’images de paysages urbains, joue principalement le rôle de déclencheur d’émotions, qui n’a pas pour but de montrer ce que
peuvent être les choses autrement, mais plutôt de questionner leurs références.
On pourrait ainsi se demander, quelle valeur peut-on accorder à l'information transmise par les éléments que nous percevons ? Pourraient-ils se présenter
autrement ? Dans ce sens, ce que nous voyons est-il vraiment ce que nous croyons voir ?
Sembler plutôt que d'être !
Suggérer plutôt que de montrer !
Œuvres et travaux présents sur ce site, ne constituent pas une réponse ou solution à « la problématique de la relativité de l’information », mais se
chargent de suggérer des pistes de réflexion, qui offrent au spectateur la possibilité d’expérimenter le paysage urbain selon sa propre sensibilité.
Mon objectif n'est pas de re-présenter le monde tel qu’il est mais plutôt de proposer un nouvel angle d'observation et de réflexion.
Se basant sur des recherches lancées depuis 2005, cette idée s’est transposée selon différentes formes et supports :
les séries Anarchitectures, Subspace Ana, Space Ana et Huang Shan sont les travaux qui schématisent ce projet."
Olivier Ratsi.
Anarchitecture
Portfolio: Anarchitecture in Shanghai | Anarchitecture in Evry | Anarchitecture in Seoul | Anarchitecture in Tokyo | Anarchitecture in Grand Paris | Subspace Ana |
e projet photographique Anarchitecture déconstruit notre environnement urbain quotidien pour en offrir une nouvelle réalité. Par son travail de fragmentation de l’image et de mise en opposition d’éléments, Olivier Ratsi opère une ou plusieurs remodélisations du paysage par le traitement numérique de clichés.
Ce projet considère la réalité objective, l’espace et la matière comme des notions d’information intangibles.
Par le biais de la décomposition photographique, Ratsi crée une cassure dans cette réalité objective (celle des grands ensembles urbains), altérant notre perception du réel. Ces architectures du quotidien deviennent à la fois étranges et familières, proche et lointaine.
En interrogeant l’individu sur sa capacité à reconstruire ce que l’artiste a morcelé, Olivier Ratsi provoque l’interactivité entre l’œuvre et le spectateur.
Portfolio: Anarchitecture in Shanghai | Anarchitecture in Evry | Anarchitecture in Seoul | Anarchitecture in Tokyo | Anarchitecture in Grand Paris | Subspace Ana |
Space Ana
Portfolio: Space Ana
es Projets Space Ana sont des performances audiovisuelles, qui s’acheminent selon la même démarche créative que les Anarchitectures photographiques, afin de générer une rupture avec l’image d'origine du bâtiment.
Projetées et mises en scène in situ sur des bâtiments à échelle macroscopique, les performances Space Ana proposent, à travers un jeu de transformations visuelles, synchronisées sur des sons spécialement conçus pour le projet, une autre manière de voir ces bâtiments L’idée est de fournir au public un nouveau champ d'expérience, une autre façon de vivre l'espace et le temps.
Portfolio: Space Ana
Huang Shan
Portfolio: Huang Shan part. 1 | Huang Shan part. 2 |
Portfolio: Huang Shan part. 1 | Huang Shan part. 2 |